Depuis 15 ans, la Finlande et la Suède bâtissent une "économie de la connaissance
La Suède et la Finlande comptent parmi les champions du monde de la part de la richesse nationale consacrée à la recherche et développement (R & D). En 2007, la Finlande a dépensé pour cela 6,2 milliards d’euros, soit 3,5 % de son produit intérieur brut (PIB), et la Suède 115 milliards de couronnes (11 milliards d’euros), soit 3,8 % de son PIB. Dans les deux pays, la part publique représente environ un quart des sommes engagées.
La crise économique actuelle n’y change rien, tant ces deux pays nordiques, tirant les leçons de la crise du début des années 1990, ont choisi de devenir des "économies de la connaissance", en phase avec la stratégie de Lisbonne (3 % du PIB consacré à la R & D, dont 1 % de fonds publics) : la Finlande a déjà atteint ces objectifs, et la Suède n’en est plus loin.
En Finlande, les produits de l’industrie forestière, qui représentaient 40 % des exportations en 1990, n’en représentent plus que 20 %. La part des produits de l’industrie électronique, elle, a plus que doublé.
En Suède, le gouvernement a adopté à l’automne 2008, au moment où le monde était déjà en train de s’enfoncer dans la crise financière, son plan quadriennal 2009-2012 de soutien public à la recherche, doté comme les précédents de 25 milliards de couronnes par an. Mais "il a décidé d’augmenter cet effort en fin de période en portant la dotation annuelle à 30 milliards de couronnes par an, soit la plus forte augmentation jamais réalisée", préciseEva-Marie Byberg, du ministère suédois de la recherche. La Suède a commencé, dans ce nouveau plan, à miser sur des investissements stratégiques concernant avant tout les nanotechnologies, les cellules souches et les sciences biomoléculaires.
En Finlande, le gouvernement a aussi augmenté son budget recherche en 2009, en allouant 101 millions d’euros supplémentaires par rapport à 2008, pour arriver à 1,9 milliard d’euros. Là aussi, la tendance est au regroupement des forces pour créer des pôles d’excellence.
Les principaux responsables politiques siègent ensemble au conseil de la politique des sciences et de la technologie, qui détermine les grandes options stratégiques finlandaises. Scientifiques, patronat, syndicats, universités et laboratoires publics et privés y sont représentés, pour assurer un large ancrage des orientations prises. C’est ce conseil qui a déterminé les cinq futurs pôles d’excellence autour desquels vont se développer les grands investissements finlandais et se rassembler entreprises, instituts de recherche, universités et tout autre acteur susceptible d’être impliqué.
Les Finlandais ne s’estiment pourtant pas encore satisfaits, comme l’indique le résultat récent d’une évaluation internationale de leur politique de recherche commandée par le gouvernement."Nous allons réformer pour être encore plus dynamiques, fusionner des petites universités et utiliser des incitations fiscales pour encourager l’innovation, ce que nous n’avions pas encore fait", explique Pirjo Kutinlahti, de l’Institut de recherche des affaires.
L’État dispose d’outils de financement, comme le Tekes, l’Agence finlandaise d’aide pour la technologie et l’innovation, et peut forcer la main des entreprises pour promouvoir ces collaborations en réseau. Les sociétés assurent déjà environ les deux tiers de la R & D – c’est aussi le cas en Suède. Au niveau mondial, Nokia, le constructeur finlandais de téléphones mobiles, est la huitième entreprise qui consacre le plus d’argent à la R & D, avec 5,4 milliards d’euros, devancée en Europe uniquement par Volkswagen et Roche. La première suédoise, Ericsson (télécommunications), arrive en vingt-neuvième position mondiale, avec 2,9 milliards d’euros par an, selon un récent rapport de la Commission européenne.